Nous vivons dans une période sans précédent dans l’histoire de l’humanité. En 1918, en pleine pandémie de grippe espagnole, l’Europe allait en guerre ! L’homme est un animal social et l’isolation pendant la pandémie a été une expérience dure pour beaucoup d’entre nous, surtout pour ceux d’entre nous vivant à l’étranger. Cette période a été une expérience sociale à grande échelle qui, sans doute, sera étudiée par les sciences humaines d’ici longtemps. Nos routines ont été bouleversées, le contact avec les autres a été coupé pendant des mois, nos décisions, surtout celles qui concernent nos plans à court et à moyen terme, ont subi des restrictions, parfois sévères.
Nous avons dû apprendre à vivre très différemment, sans aucune préparation
Certains d’entre nous ont eu trop de temps libre, pas assez d’interactions avec les autres, donc nous nous posons des questions existentielles que nous pouvions éviter avant, nous remettons en question nos vies. Cela me rappelle le conseil d’une amie psychologue : tente de découvrir qui tu es quand tu te déshabilles de tous les rôles que tu joues dans ta vie. En d’autres mots, qui serais-je si je n’étais pas l’enfant de mes parents, la mère, la sœur, l’épouse, l’amie que je suis, si je n’avais pas ma profession, mon boulot, mes aptitudes et la liste peut continuer.
Qui suis-je au bout du compte ? Comment recommencerais-je à zéro s’il le fallait? Au début, cette tâche me paraissait impossible et sans aucun sens – mais pourquoi ? Pour ceux d’entre nous qui travaillent de chez eux dès le mois de mars, cette période nous a forcé à faire un exercice similaire, pas aussi extrême que celui de mon amie, mais jusqu’à un certain point, pas trop différent non plus.
Cette période a fait ressortir le mieux et le pire en gens
On a vu des gens qui vidaient les magasins sans aucune considération pour les besoins des autres, comme des gens qui se sont organisés en temps record pour aider les autres, par exemple pour livrer des achats au personnes qui étaient en isolement. On a vu les critiques acharnés sur les réseaux sociaux adressées aux gens qui ne portaient pas un masque dans le métro, comme ceux qui se sont ennuyés très rapidement pour se conformer aux normes et ont continué à vivre comme d’habitude, parfois employant des moyens très créatifs.
Des dizaines des promenades ont été motivées en écrit par l’achat d’un seul déboucheur de toilette, comme nécessité absolue, pour une maison qui n’a jamais eu aucune toilette bloquée pendant la pandémie. Parfois, les critiques assidus et les inventifs qui contournaient les règles après, étaient les mêmes. Au début, ils étaient partis en croisade contre ceux qui avaient oublié leur masque, ou refusaient de le porter, ou même osaient sortir de chez eux. Après quelques mois, tout cela est devenu ennuyeux, et, au lieu de répandre du venin sur les réseaux sociaux, ils ont commencé à faire des barbecues avec leurs amis…
C’est une tragi-comédie si on a un bon sens de l’humour
Remettre en question nos vies… Nous nous fixions des objectifs, nous étions occupés avec les listes à faire, nous courions toujours, nous nous plaignions du cycle sans fin métro-boulot-dodo et… d’un coup, tout a changé. Notre agenda est libre, nous avons enfin du temps pour nous-mêmes, c’est la fête !
Jusqu’à ce que cela dure trop longtemps, nous ne pouvons pas faire aucun petit city-break ou visiter nos proches qui vivent dans un autre pays, nous appelons toujours les deux-trois personnes qui vivent près de nous, juste pour entendre assez souvent qu’aujourd’hui n’est pas un bon jour pour aller prendre une promenade ensemble… Pourquoi faisait-on tout ce qu’on faisait et qu’est-ce qu’il y a à faire maintenant pour donner plus de sens à nos vies d’ici en avant pendant la pandémie?
Quel est le but de nos actions ?
Pour expliquer cela, je vais faire une parallèle avec ou bien même une extrapolation de la distinction kantienne entre bouts et moyens : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien en toi qu’en autrui, toujours comme une fin et jamais simplement comme un moyen » (Kant). J’ai lu un article écrit par un américain il y a quelque temps qui expliquait très bien cela, donc je vais reprendre l’idée. Si je conduis pour aller acheter un burrito, le burrito est le but final, tandis que la voiture est le moyen pour atteindre cela.
Si je conduis pour acheter un burrito pour faire plaisir à ma femme, qui en a vraiment envie, le but est le bonheur de ma femme, tandis que la voiture et le burrito sont moyens pour atteindre cela. Si je veux faire plaisir a ma femme parce que j’ai envie de faire l’amour ce soir, donc la voiture, le burrito et le bonheur de ma femme sont des moyens et le sexe est la fin, le vrai objectif.
La plupart de nos objectifs ne sont que des moyens. Nous voulons nous faire remarqués dans ce projet parce que nous désirons une promotion, nous désirons une promotion pour gagner plus d’argent, pour se sentir valides dans la société, nous désirons l’abondance matérielle pour consommer plus, nous voulons consommer plus parce que nous pensons que cela nous rendra plus heureux et on peut aller encore plus loin. Nous voulons consommer plus pour être au même niveau avec les gens que nous trouvons intéressants, parce que nous pensons que ce qui nous rendra heureux est d’avoir un bon milieu social.
Mais le but, la fin en sens kantien, reste toujours le bonheur
Nous nous proposons beaucoup d’objectifs dans la vie et nous nous arrêtons rarement pour nous interroger quel est le besoin fondamental qu’on veut satisfaire en atteignant cet objectif. Si on faisait cela, on trouverait parfois qu’il y a une voie plus facile et plus enrichissante d’aboutir à ce que nous désirons vraiment. C’est le thème à réfléchir pendant le reste de la pandémie, on espère très courte, avant que la vie reprenne son cours normal et que nous puissions de nouveau nous cacher de nous-mêmes.
Tu peux lire plus sur l’activité du magazine Holistic dans cet article !
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