Richard Wurmbrand et les 14 années dans les prisons du communisme

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Traduction : Daniela Murariu

 

Il y a quelques années, j’ai découvert un livre qui a marqué mon existence. Il s’agit du livre écrit par Richard Wurmbrand, Mes prisons avec Dieu, qui, je pense, vaut la peine d’être lu par autant de personnes que possible, notamment parce que ce livre renferme des  témoignages de la prison du communisme. Nous sommes confrontés  au style de vie méprisable, cruel, que le communisme a imposé au peuple roumain et non seulement.

 

Le livre Mes prisons avec Dieu est écrit dans le contexte d’un communisme féroce en Roumanie, en y concentrant des témoignages précieux  de la prison du pasteur Richard Wurmbrand. Il a été un martyr de la croyance, qui a  subi pendant 14 années  des tortures inhumaines  sous la politique communiste  menée par Staline.

Le but du livre n’est pas la réclamation du communisme, mais celui de servir de témoignage  au monde évangélique protestant, parce que le pasteur faisait partie  de la communauté minoritaire des juifs messianiques. Dans cette écriture, le squelette de la vie soumise à un parti qui prétendait  valoriser l’homme est bien construit. On va s’arrêter en particulier sur ce que l’auteur a signalé concernant les prisons communistes. Il note des détails qui constituent un matériel utile pour déchiffrer la vie derrière les barreaux.

En arrivant en Occident, Richard Wurmbrand témoigne  sur ce qu’est la vraie Roumanie communiste, détruisant les mythes et les images qui glorifiaient ce régime politique. Ainsi, l’apparition du livre Mes prisons avec Dieu en 1968 dans le Royaume-Uni et les États-Unis – deux pays libres à ce moment-là – allait choquer les lecteurs qui n’avaient jamais été confrontés à un tel système et  changer totalement la perception sur  le visage du communisme qui  prétendait à l’égalité, à la paix et  au respect des droits, alors qu’en réalité il s’agissait de torture, mort et sadisme.

Ultérieurement, le livre paraît dans la langue roumaine en 1994, écrit en neuf parties, étant lu par beaucoup de protestants dont  la vie  a été influencée par Richard Wurmbrand au fil des années, notamment grâce à sa résistance contre l’oppression des « monarques rouges ».

Dans la Préface, l’auteur nous indique le fait que la raison principale pour laquelle il a écrit le livre est de rendre hommage  aux «  martyrs chrétiens qui ont sacrifié leur vie au service de Dieu et qui sont morts courageusement torturés par les communistes » (p. 6).  En même temps, l’auteur tient à  souligner que, même si le témoignage est fondé sur la vérité, les noms donnés sont fictifs parce que, dans le cas où il offrirait des noms et des dates exactes « sur les gens qui ont fait le bien, ils seraient persécutés » (p. 12).

Ces aspects du communisme nous introduisent dans un monde subjectif, jugé par les yeux du Richard Wurmbrand, qui a accumulé des expériences considérées par lui comme étant appropriées pour les mettre dans les pages d’un livre, pour souligner la noblesse de la souffrance, vue à ce moment-là comme une souffrance pour le Christ.

Arrivé en prison après  avoir été enlevé par les employés de la Sécurité, Wurmbrand raconte avec horreur ce qu’il a enduré depuis ce jour-là et jusqu’à la quatorzième année,  lorsqu’il a été libéré (« Là-bas, ils ont pris mes actes,  mes objets personnels, la cravate et les lacets  et, finalement, le nom. À partir de maintenant, le fonctionnaire de service a dit, tu es Vasile Georgescu. ») (p. 13).

À partir de là, l’histoire prend de l’ampleur et on arrive à des récits inimaginables sur les méthodes communistes par lesquelles ils voulaient la rééducation des prisonniers, les oppresseurs leur faisant s’approprier des  actes qui n’étaient pas commis par eux. Je vais mentionner seulement quelques-unes de ces méthodes,  celles qui sont restées imprimées dans  ma mémoire et que j’ai  considérées comme étant les plus pertinentes.

 

  • Une méthode est la technique du magnétophone, dont les communistes l’utilisait pour effrayer le détenu et pour le déterminer à accepter quelque chose qu’il n’a pas fait. Des enregistrements avec des cris et des hurlements qui semblaient être réels et qui menaçaient l’homme enquêté étaient posés sur le fond (« Pendant que l’homme creuse la cervelle pour deviner la raison de son arrestation, la tension s’installe par d’autres ruses : il entend des fusillades ou les cris des autres détenus enregistrés sur la bande du magnétophone », p. 37).
  • La technique du manège est celle par laquelle les détenus étaient gardés en pieds pendant des heures sans nourriture, en regardant seulement un mur, puis ils étaient forcés soudainement d’aller à la commande du gardien, et s’ils refusaient à se déplacer, ils étaient soumis aux bagarres cruelles sous le prétexte qu’ils n’ont pas obéi les ordres (Le pire de tous était de reprendre ton marche après quelques minutes de repos », 48).
  • L’attente est considérée par notre auteur comme « la plus dure torture », parce que personne ne savait pas ce qui va se passer après. Il était témoin aux  coups d’autrui,  à leur tortures, en sachant que d’ici peu il allait être celui en cause. Les gardiens n’annonçaient pas, ils les prenaient par surprise,   partant du principe que la souffrance est la meilleure façon pour former une mentalité dédiée pleinement au communisme.
  • La drogue, une autre méthode utilisée dans les prisons communistes, conduisait à la folie (« les docteurs m’ont prescrit un médicament nouveau : une capsule jaune qui me donnait un long sommeil, plein de très beaux rêves », p. 69) et même à l’oubli, avec l’objectif clair de faire les détenus oublier le passé et accepter la situation présente, lors de l’étreinte du nouveau régime. On demandait dévouement total au régime, et l’amour pour Dieu était vu comme un rival et  on voulait son élimination.

Ces quelques moments nous font les témoins des  scènes qui semblent tirées de scénarios SF, mais dont la réalité est  confirmée dans les livres d’histoire. Ils font partie de notre nation qui, étant aveuglée par le pouvoir et les lois communistes, a oublié les plus grandes valeurs de l’humanité: l’amour, la justice et la vérité. Par le témoignage du Richard Wurmbrand, qui présente bien plus de méthodes de torture dans son livre de plus de 200 pages, nous restons profondément affectés par l’existence d’une génération énormément torturée par un parti ivre de pouvoir absolue dans l’état – le Parti Communiste.

Nous  avons de la  peine à nous imaginer ce qui a été autrefois réel,  en nous croyant  sur le plateau de tournage d’une pellicule que l’histoire vient et écrit encore un scénario auquel nous, les spectateurs d’un autre siècle, ne pouvons qu’assister.

J’ai joué aux échecs avec moi-même, en utilisant des pièces faites du pain: noir contre moins noir, obtenu  de la chaux du mur. Je pouvais séparer mon esprit de telle sorte que le noir ne sache pas le mouvement suivant du celui moins noir et vice versa et, parce que je n’ai pas perdu aucun match en deux années, j’ai conclu que je pourrais me déclarer maître en échec. (p. 56)

Cette citation nous transmet l’accrochage profond  à la normalité de l’homme privé de liberté, qui, pour garder sa conscience en vie, pratique des activités qui sollicitent son cerveau. Sur une note humoristique,  on nous raconte l’une des méthodes utilisées pour le distraire de la vie cruelle avec l’aide des matériaux improvisés à partir de rien, mais qui constituent un tout pour l’homme qui n’a plus de contact avec  la lumière du jour.

L’attitude du détenu m’a impressionné parce que, normalement, la situation dans laquelle il se trouvait ne pouvait avoir qu’une finalité de dépression, de mort, mais dans les plus cruels moments il a réussi se servir de la raison et s’échapper de la réalité où il était captif.

Seulement les mots n’ont jamais été en mesure d’exprimer ce que l’homme sent quand il s’approche de Dieu. Parfois, j’étais si plein de joie que je n’aurais pas tenu si je ne l’avais pas exprimé par danse. (p. 57)

Celui-ci exprime encore une modalité de se détacher des griffes de la solitude causée par la prison et de s’induire une joie propre en Dieu. On voit que l’aboutissement spirituel sauve l’homme de la mort de l’esprit et par extension de la mort physique, offrant la satisfaction de la projection en autre dimension, où l’homme est capable de sauter de joie même  dans les moments  de forte épreuve et d’ennui. Il semble que la douleur physique ne s’exprime plus au profit de la joie par la foi, qui pousse et libère l’homme  de la prison, encore vivant.

On disait à l’époque en Roumanie que la vie est constituée de quatre « auto » : l’autocritique, faite régulièrement en bureaux et usines, l’auto van, qui t’emmène à la Sécurité, l’autobiographie,  qu’on vous faisait écrire, et l’autopsie. (p. 42)

Dans cette phrase est concentrée toute la vérité  sur ce que signifiait le communisme et comment agissaient ses partisans. Par l’autocritique, ils suivaient les hommes dans l’ombre pour trouver des raisons de sanction, par l’auto van, les suivis étaient enlevés et emmenés à la Sécurité, où ils devaient écrire l’autobiographie, admettant des  actes qu’ils n’ont jamais commis. Finalement,  suivait l’autopsie, c’est-à-dire la mort et la disparition sans trace des victimes torturées dans les plus noires conditions possibles.

Pour conclure, j’affirme pleine de certitude que ce livre du Richard Wurmbrand, Mes prisons avec Dieu, concentre  dans ses pages des témoignages bouleversantes, dignes d’être placés à côté des traités d’histoire du communisme, parce qu’il est présenté tout ce que a signifié une vie  vécue  dans un autre siècle, où l’amour  de Dieu était payé avec la prison et même la mort, et la liberté était synonyme de peur et  de terreur.

 

Pour trouver plus sur l’histoire du monde, tu peux lire aussi  l’article 27 juillet 1563 : Le Havre, la lutte qui a déclenché la deuxième pandémie mondiale de peste.

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